Propos tenus par Alain Garrigou, au sujet de l’émotion suscitée par le décès du Directeur de Sciences-Po Paris, Richard Descoings. Interview du site mcetv.fr
Le Monde selon Ritchie
Il est toujours assez étonnant de voir une telle ferveur autour d’un individu. Bien sûr, on peut se dire que le concert de louanges est bien normal lorsque survient un décès. Mais ce mélange de tous les aspects d’un individu, notamment le privé et le professionnel, a un côté assez… malsain. Cela met mal à l’aise. Provoque une émotion négative. Tiens, une émotion. Encore. Car on sait à quoi peut conduire un culte de la personnalité tel que celui mené par Richard Descoings, comme par tant d’autres avant lui.
Et l’on sait bien que l’émotion n’est pas la compagne idéale de la raison et de la réflexion. Mais qu’elle peut être en revanche – sans doute précisément pour cette raison – un bon moyen de s’attirer les faveurs de la foule. Et de s’assurer le soutien inconditionnel de ses partisans. A vrai dire, certainement le meilleur d’entre tous. Surtout lorsque l’on fait en sorte qu’un grand nombre d’entre eux pensent que leur vie aurait été toute autre sans son action personnelle. Ça fidélise, comme on dit en marketing.
« Le changement à Sciences-Po Paris, c’est maintenant »… aurait pu dire Richard Descoings
Mais le changement est-il, en soi, forcément une bonne chose ? On sait à quel point ce genre d’idéologie et l’illusion d’une Histoire à sens unique, cette marche vers le Progrès , se sont révélés meurtriers.
Tiens, si un gusse avait décrété que les maths étaient discriminatoires pour entrer à Polytechnique, et que c’était une mauvaise chose, ma vie aurait été toute autre. J’aurais applaudi des quatre mains la discrimination positive et juré que bordel il n’y avait pas de raison que mon voisin, fils d’un prof de maths, partait avec un avantage sur moi pour réussir le concours d’entrée. Car c’était vraiment trop injuste.
Ça fait réfléchir. Mais surtout s’émouvoir.
Sciences-Po Paris : Richard Descoings, le temps du bilan
Reste maintenant à Sciences-Po Paris l’impérieuse nécessité de dresser un bilan de la direction de l’école par Richard Descoings, en analysant aussi bien les points positifs (car il y en a bien entendu) que les points négatifs. Sans trop tarder, afin d’apporter les correctifs qui permettront de conserver l’exigence de qualité qu’une telle institution française doit continuer d’incarner. Pour le rétablissement de l’épreuve de culture générale, il n’est peut-être pas trop tard.
PS : sur itv on a pu voir un instant, le jour du décès de Richard Desoings, un message d’un étudiant en gros plan « Richard Descoings Sciences-Po reconaissant« . Je n’ai pas pu récupérer cette image sinon je l’aurais bien volontiers postée ici 😉 Entre ici, nivellement par le bas. Bienvenue à Sciences-Po Paris, tu es désormais également ici chez toi.