La mort de Clément Méric, ce « citoyen du monde sachant dire non », n’a pas fini de faire des vagues. Je suis même prêt à parier qu’on en parlera encore dans 50 ans. Le signe que la bête immonde est toujours aux aguets et que, à chaque seconde, le type qui n’est pas blond aux yeux bleus risque de se faire ouvrir le ventre en pleine rue.
On marquera cette date d’une faucille rouge, je vous dis.
Comme d’habitude, beaucoup se sont empressés de demander, que dis-je, d’exiger la dissolution de tout ce qui de près ou de loin ressemble à l’extrême-droite. Il faut dire qu’on est en pleine période de disette. Oh, ils essaient bien à chaque fois. Un massacre aux Etats-Unis ? C’est l’extrême-droite américaine, ces fachos religieux ultra-conservateurs ultra-libéraux ultra-méchants ! Des supporters du PSG qui mettent à feu et à sang l’ouest parisien ? Des skinheads nazis fachos, évidemment. Un soldat britannique découpé en pleine rue ? Le type est un nazi, c’est sûr !
Bref, ce coup-ci ils le tenaient, leur facho. Et comme cela faisait des années qu’ils n’avaient rien à se mettre sous la dent, on allait voir ce qu’on allait voir. Et puis, ces salauds du FN avaient eu l’outrecuidance de leur voler une bonne partie de leur électorat. #Résistance !
Toulon, ville ouverte
Souvenons-nous. Printemps 95, municipales de Toulon. Jean-Marie Le Chevallier, candidat Front National, emporte la mairie à l’occasion d’une triangulaire. Choc national : une des plus grandes villes de France choisit l’extrême-droite. J’étais jeune comme un Clément Méric et m’apprêtais à passer le Bac dans ma bonne ville de Hyères, juste à côté de celle soudainement mise au ban.
Je l’avoue : j’ai été choqué. Je me souviens des images à la télé et de ma consternation.
Avec du recul, je sais que j’avais le crâne rempli des inepties des médias. Je n’étais cependant pas assez stupide pour les croire lorsqu’ils affirmaient que le vote FN se résumait à un vote « raciste ». Il suffisait de regarder autour de moi. Et puis, j’avais vaguement connaissance des multiples affaires dans lesquelles les hommes politiques locaux, de gauche comme de droite, avaient trempé. Je me doutais bien qu’une partie de la réponse se trouvait là.
Mais, jeune comme un Clément Méric, je n’avais pas encore suffisamment confiance en moi pour remettre en cause tout ce qu’on me jetait à la figure par papiers et écrans interposés.
Envoyé Spécial chez les nazis
C’est sans doute pour cela que, quelques mois plus tard, j’ai eu un choc. Forcément il était déjà de bon ton, et ce depuis longtemps, de considérer que tout ce que faisaient les chaînes privées était pourri et, par extension, de porter aux nues toute la production du service public. On y trouvait notamment Envoyé Spécial, une émission « tellement qu’elle est bien qu’elle est encore à l’antenne ».
Un sujet avait attiré mon attention. Il portait sur Toulon. Les journalistes s’étaient proposés de revenir sur les raisons de la victoire du FN et de regarder ce qui avait pu changer dans la vie des Toulonnais depuis lors.
Enfin, j’allais comprendre ! Ces brillants cerveaux de la chaîne publique – aucune ironie de ma part à l’époque – allaient m’expliquer en quelques minutes ce qui s’était passé, ça ne faisait pas un pli ! Et nul doute que je dormirais mieux après voir vu ça.
Le sujet commence. L’ambiance est pesante. La ville va mal. Les gens vont mal. Pauvreté, chômage, affaires. Racisme, évidemment. Je pique un peu du nez mais me dis que « quelque chose » va bien en ressortir.
« Regardez ce centre commercial flambant neuf, pourtant situé en plein centre-ville… Nombreuses sont les boutiques qui ont fermé, faute de clients. A l’image de cette ville qui ne trouve pas de solution. »
Tel était à peu près le discours. Et sous mes yeux, effectivement, un centre-commercial quasi désert, des grilles baissées, seuls quelques magasins allumés. Une ambiance quasi-soviétique.
Le Centre Mayol. Ouvert quelques années plus tôt.
Et qui ne désemplissait pas.
Il était évident que les journalistes s’étaient rendus très tôt dans la galerie marchande, avant l’ouverture. Et peu importent les faits ou la vérité : la cause était noble, puisqu’il s’agissait de combattre le FN, donc tous les moyens étaient bons.
C’est ce jour là que, définitivement, j’ai compris qu’il ne faut jamais rien prendre pour argent comptant, et ce même s’il s’agit du travail d’un journaliste installé depuis longtemps au sein d’une rédaction apparemment respectable.
François de souche, fleuron de la « fachosphère »
Alors pourquoi faire confiance à François de souche, me direz-vous ? Vous n’y êtes pas. J’ai dit qu’il fallait lire François de souche, pas qu’il fallait prendre tout ce qui s’y trouve pour la Vérité.
En tant que libéral, je suis opposé aux extrêmes, de gauche comme de droite. Mais cela ne veut naturellement pas dire que je ne m’y intéresse pas.
D’abord parce que j’ai besoin de comprendre. Et je ne comprendrai jamais ces gens qui demandent l’interdiction d’un parti qui dit des choses selon eux déplaisantes plutôt que de les affronter. Sur le plan des idées s’entend, pas en chassant du skinhead comme Clément Méric et ses amis ce qui, nul besoin d’avoir fait Sciences-Po pour le comprendre, est totalement contre-productif.
Imaginez d’ailleurs ce que les électeurs FN de Toulon ont pu ressentir en voyant cette émission de la Télévision d’Etat mentir de la sorte ?
Le Zapping, tête de gondole de la « gauchosphère »
Vous faites peut-être partie de ces gens qui dégustent le Zapping de Canal +. Gageons que si un alien tombait dessus, il deviendrait aussitôt marxiste. Le choix des séquences, leur articulation, tout est fait pour orienter le spectateur le plus à gauche possible. Méchant Capital, méchante mondialisation, méchant ultra-libéralisme.
Et personne n’y trouve rien à redire.
Certains, qui ne sont pas assez lobotomisés pour ne pas s’en rendre compte, me disent que cette orientation politique n’est pas problématique car il n’y a qu’une succession de séquences, sans commentaire ni analyse. « Mais justement mes ptits chéris », que je leur dis. C’est précisément cette absence qui rend le discours efficace car il s’imprègne directement dans la cervelle ramollie du téléspectateur qui, pris aux émotions et non à la réflexion, sent à coup sûr son petit coeur se serrer et sa colère monter jusqu’au cervelet. Une vraie fabrique de petits indignés.
François de souche, c’est pareil. Rappelons, pour ceux qui auraient peur de se salir les yeux en s’y rendant, que le « leader de la fachosphère » ne produit quasiment aucun contenu. Le média internet permet tout de même un recul un peu plus grand, l’internaute ayant toujours la maîtrise à l’inverse du robinet télévisuel qui ne cesse de dégueuler.
Si tu en as marre d’écouter François, tu zappes.
Alors justement, pourquoi lire François de souche si cela peut être dangereux ?
Il se trouve que j’ai découvert ce site quelques mois après son lancement, sans doute à la recherche d’informations plus approfondies sur un sujet quelconque. Et comme je me suis toujours efforcé de varier mes sources, il n’y avait aucune raison que je lise les sites de L’Humanité ou de Libération et que je fasse l’impasse sur François de souche.
Quelques années plus tard, ces « de souche » sont devenus l’un des sites politiques les plus fréquentés de France. Quelques années plus tard, j’entends toujours de nombreuses personnes aboyer pour les faire taire. Sans doute plus que jamais. Ceci explique cela. #ConcurrenceDéloyale
Pourquoi un tel succès ?
Parce que l’électeur du FN n’est pas nécessairement ce gros crétin aviné que nous présentent les médias. Il y a parmi les lecteurs de ce site, de toute évidence, des gens extrêmement cultivés et loin d’être imbéciles. Il suffit de lire certains commentaires pour s’en convaincre.
Parce que les médias traditionnels, très occupés à soulever les tapis pour y cacher des semi-remorques, servent sans relâche de la soupe anti-libérale.
Parce qu’enfin, on y découvre régulièrement des articles intéressants publiés à l’étranger et dont la presse française a jugé bon qu’il convenait de nous épargner. Parmi les exemples récents, ce papier du Daily Mail d’un ancien gauchiste anglais à côté duquel je serais sans doute passé. Forcément, le type dit des choses pas bien du tout. Et tous ceux qui vont lire ça vont se transformer en fascistes (vous êtes prévenu).
Ça me fait penser au choc que j’ai eu en voyant cette fameuse histoire du PSG au Trocadéro… Je crois que j’avais encore des illusions sur les limites de nos politiciens et de nos journalistes. Je pensais, en bon petit gars honnête que je suis, qu’on ne pouvait pas montrer un ciel bleu du doigt tout en affirmant qu’il est rouge ou violet. Je me trompais lourdement. Certains d’entre eux sont tellement habitués à fonctionner sur le mode du mensonge idéologique que même gavés de sérum de vérité ils donneraient toujours dans le daltonisme.
Voilà pourquoi il faut lire François de souche. Parce que l’on vit dans un pays où les médias traditionnels donnent parfois une furieuse impression de « Radio Paris ».
Il y a quelques mois, alors que je discutais sur Facebook du « mariage pour tous », je lisais avec effarement les propos de plusieurs personnes de gauche. « Il faut que ça passe à tout prix et le plus vite possible parce que c’est le progrès et puis ça fera la nique à tous ces crétins homophobes », disaient-elles. Et moi de répondre que je faisais partie de ceux qui y étaient a priori favorables – même si une privatisation du mariage serait infiniment préférable, mais c’est une autre histoire – à condition qu’un débat ait lieu. Car ce qui pouvait arriver de pire était que le gouvernement passe en force, au mépris du peuple. A mon grand bonheur, ma réponse a été « likée » par une association LGBT, preuve s’il en était besoin que ces associations ne sont pas systématiquement nuisibles (petit clin d’oeil à SOS-Racisme, la LICRA, le MRAP et consorts qui continuent religieusement de faire monter le vote FN).
Il ne faut pas interdire ou censurer le FN, François de souche et compagnie. Car pour tous les extrémistes de gauche, tout ce qui n’est pas d’extrême-gauche est fasciste et doit être interdit (rappel : les enfants, si on dit « extrême » c’est qu’y une raison hein). Et que si nous laissons faire ça, demain l’UMP sera systématiquement qualifiée d’extrême-droite… et deviendra la prochaine cible à faire taire. Et encore, et encore.
Nous ne devons pas les interdire ou les censurer car s’ils continuent de prendre de l’ampleur c’est bien parce qu’on continue de dire « C’est rouge ! Non non, pas du tout, vous dîtes n’importe quoi, c’est violet ! » quand le bleu s’étale devant tous les yeux.
Charlie Hebdo a tout faux. Il faut lire François de souche, ne serait-ce que pour comprendre certaines choses. Et se donner les moyens d’y répondre.
gab dit
Nous sommes dans un pays où ce sont les médias qui exacerbent les différences et amplifient un racisme latent.