Le parachutage d’Audrey Pulvar au sein de l’institution alter-rebelle des Inrocks n’en finit pas de faire des remous. Dans le marais aux canards, ou plutôt dans le panier de crabes, il se raconte que la Croisée lunettée du PAF ne serait pas facile facile à vivre au quotidien. Un tantinet autoritaire, même.
Du coup, le magazine super-indigné vit une cascade de départs. Mais Audrey Pulvar just wan’t to have fun : let’s rock, qu’elle balance avec indolence en guise de conclusion à ses éditos.
« Les Inrocks c’est un TRUC »
Du côté des lecteurs, on est partagé. Il faut dire que remettre en question la bouillie idéologico-tropico-politicale que l’on a sagement aspirée, avalée, régurgitée avec amour gloire et beauté depuis tant d’années, entre deux chroniques de disque dont on se demande parfois ce qu’elles foutent encore là, ne doit pas se révéler franchement agréable. Et le Mopral ne marche pas toujours.
Du coup il semble bien que, sans surprise, le consommateur moyen des Inrocks s’indigne. Ça tombe bien, c’est à la mode – je ne sais pas quel terme il emploie pour désigner un machin branchouille « ça le fait » et je crois que je vais continuer de m’en passer.
Le tribunal des flagrants débiles
Quoi de mieux qu’asperger quelques sous les mots de la Pulvar ?
On peut donc y lire le gloubiboulga habituel : la plaie de notre société c’est l’ultra-libéralisme et l’individualisme galopant. Chacun pense qu’à sa gueule. Tu trouves ça normal qu’y ait des pauvres ? Ça ne te révolte pas qu’y ait la guerre ? Ça va continuer encore longtemps comme ça ? Il est où le Vrai Changement ?
IloveNY (drôle de pseudo pour un Inrocké) tient donc à mettre les points sur les i – à défaut de mettre un poing dans la A. :
T’as des tas de gens qui savent pas s’éloigner de la lumière, des tas de gens qui savent pas travailler en sous-marin, et des tas de joueurs qui pensent à eux avant leur club, et ça c’est pas cool. […] Individualisme. Besoin de se mettre en avant.
C’est étrange, personnellement je lis ça comme ça :
Individualisme = Besoin de se mettre en avant.
Je suis individualiste et je n’ai aucune intention de me soigner
S’il y a bien deux mots poubelle dans notre gloriole hexagonale, ce sont très certainement libéralisme et individualisme. En même temps, ça se tient, les deux notions sont étroitement liées. Là où c’est très fort c’est qu’au fil du temps s’est ancré dans la tête du révolté que la Source du Mal se tient là. Pire que la Peste Brune, même. Car au moins avec des porteurs de chemise au chocolat on sait à quoi s’en tenir.
Mais on la lui fait pas, à l’érudit du jeudi (pour ceux qui suivent pas, honte à eux, les Inrocks envahissent les… euh, sont disponibles dans quelques kiosques le mercredi désormais). Il sait. Socialisme ou barbarie. No Bioman no cry.
Tiens d’ailleurs, c’est quoi la barbarie ?
Définition de la barbarie
C’est « ce qui va à l’encontre des valeurs morales« , nous dit le site du CNRTL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales).
Ah ben justement ! Cette saloperie d’individualiste qui pense qu’à sa gueule, c’est bien lui le barbare !
Définition de l’individualisme (décomplexé)
Que nous dit Larousse à ce sujet (le dictionnaire, pas la Voynet après sa permanente) :
- Doctrine qui fait de l’individu le fondement de la société et des valeurs morales.
- Attitude favorisant l’initiative individuelle, l’indépendance et l’autonomie de la personne au regard de la société.
- Tendance à s’affirmer indépendamment des autres, à ne pas faire corps avec un groupe.
C’est trash, je vous avais prévenu.
Et si on se la pète et qu’on cite une nana bien connue, ça donne quoi ?
L’individualiste absolu est l’homme moral par excellence.
Penser par soi-même, être indépendant et ne pas ressentir le besoin de se mettre en avant, ce serait ça l’individualisme ?
…
Dis papa, c’est quoi cette bouteille de lait ?