J’ai lu ce matin pour la énième fois un argument « classique » des opposants au libéralisme, même s’il était cette fois-ci exprimé de façon beaucoup plus élégante et moins agressive que la plupart du temps :
Dans le système [libéral] que vous décrivez celui qui est mal né ou à qui il arrive un coup dur (accident, maladie), que devient-il ?
Magie des réseaux sociaux, ces mots ont été écrits par quelqu’un que je ne connais pas et qui ne me connaît pas.
Voici ma réponse.
L’étatisme ne protège pas les plus faibles, bien au contraire
Pour vous répondre, Mary, j’ai eu un grave accident il y a 10 ans avec longue maladie suite à ça, et je suis plus libéral encore que je l’étais auparavant.
Effectivement les gens qui m’entendent dire ça, surtout quand ils n’ont jamais rien eu de très grave, ne comprennent généralement pas. Ils me disent « c’est bizarre que tu ne sois pas devenu de gauche ». Logique, puisque c’est ce qu’on leur dit depuis qu’ils sont tout petits et qu’ils ont construit leur univers sur cette idée.
Je leur réponds que quand on est vraiment malade – je parle de maladies qui touchent « le cerveau » au sens large, celles qui sont les plus handicapantes, parmi lesquelles on range aussi les douleurs chroniques par exemple, c’est vaste – le système étatique nous broie. Simplement parce qu’on n’a pas la force de se battre au quotidien pour savoir qu’en demandant un formulaire B23455 on aurait éventuellement droit à un abattement de 12,8% sur la taxe gloubiboulga, que lorsqu’on trouve la force de remplir ce formulaire et qu’on nous le retourne parce qu’il manque un avenant OT546546 au papier on complète le bousin. Entre temps il s’est passé deux mois parce qu’on était trop mal pour le faire plus vite, et là on nous renvoie un papier nous disant que le volet ER93242 n’est plus valable et qu’il faut renvoyer un document plus à jour. Et là on abandonne car on ne sait même pas où trouver le document en question.
Trop malade pour ça, disais-je.
Et ce n’est pas un cas extrême, non. D’ailleurs hier encore j’entendais que des tonnes de gens ne touchent pas le RSA alors qu’il y auraient droit et le journaliste ajoute « ces gens ne veulent pas passer pour des assistés, ils refusent donc les aides ». Jamais ils se demandent combien en fait n’ont pas la force d’affronter le Léviathan? Ou ne sont tout simplement pas au courant ? Et donc crèvent en silence ? Parce que pendant ce temps le marché de l’emploi est complètement sclérosé (forcément, il faut bien nourrir le système) et donc on se retrouve très malade et condamné à mendier pour obtenir un truc pour bouffer. L’étatisme condamne les plus pauvres et les plus fragiles avant tout, contrairement à ce qu’on entend le plus souvent. De même, l’étatisme favorise les riches, puissants et en bonne santé.
J’avais vu un sujet une fois sur une mère de famille, pauvre, qui expliquait qu’elle passait toutes ses semaines à deux activités : remplir des formulaires de demandes d’aide et s’occuper de ses enfants. Elle était reconnaissante de l’Etat qui lui donnait ses aides car sinon, disait-elle, elle n’aurait pas pu s’en sortir. Et elle était tout contente car chaque semaine ou presque elle découvrait unen ouvelle aide à laquelle elle pouvait prétendre. Mais si demain elle a un gros problème de santé, qu’arrivera-t-il ? Game over pour elle. De même, si l’Etat était moins obèse, elle pourrait trouver via quelques activités à temps partiel de quoi subvenir à ses besoins. Il n’est pas impossible qu’au niveau confiance en soi et équilibre mental elle y trouve plus son compte.
sortio dit
Force est de constater que le peu que l’Etat daigne donner nous oblige à nous en contenter, à nous résigner même contre notre gré. Gauche ou libérale le constat est le même, tous à la même enseigne.
djibril dit
L’étatisme est un système permettant d’endormire les pauvres et les faibles,leur donnant un sucre par ci,un sucre par là,pendant que les autres riches se gavent en riant!
flexibul dit
Je suis totalement d’accord avec votre article, mais vous ne répondez pas vraiment à la phrase d’origine, en quoi un libéralisme protège les personnes qui sont malades ou qui n’ont pas les moyens de payer les études de leurs enfants ?
Laurent Matignon dit
Non, justement, le problème est mal posé. Le libéralisme n’est pas là pour protéger, mais pour préserver.
Mais je vous accorde que la confusion est courante, puisque même le Larousse dit ceci :
« Préserver : Protéger quelqu’un, quelque chose, le mettre à l’abri d’un mal éventuel. »
Quand les premiers déodorants sans CFC ont été mis sur le marché, on nous disait partout « Oé protège la couche d’ozone ». Ce qui laissait penser à une action positive du déodorant : plus on en propulsait dans l’atmosphère, plus la couche d’ozone se trouvait renforcé.
Il y a eu des réactions ce qui les a amenés à une formule plus juste : « Oé préserve la couche d’ozone ». Autrement dit : il n’y a aucune action, ni positive, ni négative. Soit une nette avancée par rapport aux déodorants précédents qui la détruisaient.
Ici c’est la même chose : le libéralisme n’est pas là pour avoir une action positive pour les personnes qui sont malades ou qui n’ont pas les moyens de payer les études de leurs enfants. Le libéralisme est là pour ne pas avoir d’action négative, c’est-à-dire pour leur permettre de s’en sortir au mieux.
Je rappelle une formule : « ‘l’enfer est pavé de bonnes intentions ». Sous prétexte de protéger certaines catégories de population, l’histoire a montré que, le plus souvent, on les enfonce.